Piton de la Fournaise, feu devant !

C’est l’un des volcans les plus actifs au monde et ses éruptions sont toujours spectaculaires. Symbole de la destination Réunion et site le plus fréquenté de l’île, avec 400 000 visiteurs par an, il s’aborde de manière contemplative ou en mode loisirs actifs, avec un cratère accessible aux randonneurs lors des phases d’accalmie. Le grand spectacle, c’est maintenant !

Un des volcans les plus actifs au monde

Lundi 18 février 2019, 9h48 du matin. Badadoum ! Pour la première fois de l’année, le Piton de la Fournaise crache le feu. Les laves jaillissent pendant près de douze heures. Rebelote le mardi 19, en fin de journée. Et ainsi de suite jusqu’au dimanche 10 mars, 6h30, où l’éruption s’est officiellement arrêtée. Dans l’intervalle, deux nouveaux cônes sont nés : Piton Lo Rwa Kaf et Piton Anne Mousse, dessinant une nouvelle arabesque sur la toile géante du volcan. Sachant qu’il se réveille à peu près tous les 9 mois depuis bientôt une dizaine d’années, une seconde éruption pourrait avoir lieu en décembre…

Sauf que rien n’est plus imprévisible qu’un volcan actif. Et c’est là ce qui fait son charme ! Totem vivant et toujours en mouvement de la Réunion, le Piton de la Fournaise est âgé d’environ 500 000 ans. Il culmine à 2 631 mètres au dessus (ou dans) des (les) nuages, façonnant l’ensemble des paysages du sud de la Réunion, jusqu’à couvrir près d’un tiers de l’île. Coulées de laves dévalant les pentes ; lichens, fougères et arbustes ; forêts ; plages de sable noir ; et même nouvelles « terres » gagnées sur la mer : le pourtour de la côte sud, opportunément nommée Sauvage, forme un décor absolument différent du reste de l’île.

Conscient de l’exceptionnelle qualité de ces paysages, l’UNESCO a inscrit le Piton de la Fournaise à son Patrimoine mondial, au même titre que l’autre volcan réunionnais, éteint, le Piton des Neiges. Avec les cirques de Mafate, de Cilaos et de Salazie, ils forment le parc national de la Réunion. Et qui parc dit balades et activités...

Une invitation à l'aventure

La première et la plus simple consiste à faire le tour de la base du volcan en voiture. Depuis Saint-Joseph, la N2 (« la Route des Laves ») contourne ses flancs sud, est et nord, livrant jusqu’à Sainte-Anne des sites singuliers. Exemples ? La coulée volcanique des Grandes Pentes et la forêt domaniale du Grand Brûlé, au nord de Saint-Philippe ; les falaises de basalte ; la coulée de lave de 2007, au Tremblet, là où la Réunion s’est agrandie de 45 hectares et où il a fallu reconstruire la route ; les tunnels de lave à Sainte-Rose, accessible avec un accompagnateur ; et l’église Notre-Dame des Laves, toujours à Sainte-Rose, dont chacun se rappelle ici que lors d’une éruption du volcan, en 1977, la coulée s’est arrêtée… sur son seuil.

La seconde façon d’aborder le volcan, plus spectaculaire, consiste bien entendu à grimper sur ses pentes. Oublions tout de suite les itinéraires pédestres partant du littoral qui s’élèvent jusqu’à l’ultime cratère : avec 2 000 m de dénivelé, ils sont bien trop sportifs pour convenir à chacun. Et grimpons plutôt au plus près de la caldeira par la route forestière qui y conduit, depuis la Plaine des Cafres. Après une série de virages serrés en partie tracés dans la forêt, la route laisse place à l’étonnante Plaine des Sables, premier avant-goût du paysage volcanique. Un univers quasi lunaire, coloré de terre rougeâtre. On y croise parfois du monde : des cavaliers et leurs montures sillonnent les chemins équestres tracés dans ce paysage de far-west ; des vététistes suent sang et eau sur la route ; et même des clients en gyropodes s’y baladent. Voir ces trottinettes à moteur électriques traverser ce décor renvoie à des scènes futuristes dignes de Mad Max…

La Plaine des Sables n’est que l’amorce de ce qui attend l’automobiliste plus haut : le Pas de Bellecombe, au terminus de la route, forme le rebord de la caldeira depuis laquelle on peut rejoindre le cratère principal. Panorama grandiose assuré ! La vue embrase l’ensemble de la « fosse », nommée l’Enclos Fouqué, une dépression en forme de fer à cheval de 9 km de long et 13 km de large. Lors de certaines éruptions, il est possible de profiter du spectacle des laves projetées dans le ciel depuis le Pas de Bellecombe. Ou depuis le Piton Partage, situé à 30 mn de marche. Pour d’autres explosions, il faut se rendre au piton de Bert, accessible à pied depuis le parking Foc Foc, placé juste en dessous du Pas de Bellecombe. D’où que l’on soit, le spectacle est fascinant.

Une expérience qui aiguise les sens et l'esprit

Mais le Graal consiste à traverser à pied, hors périodes éruptives, l’Enclos Fouqué, la caldeira centrale du volcan. Depuis le Pas de Bellecombe, c’est l’itinéraire principal pour rejoindre puis gravir le cratère Dolomieu, le plus important du Piton de la Fournaise, présent depuis 1791. Depuis le rebord, le sentier descend dans la caldeira. Vous voici dans un désert globalement plat et lunaire, couleur gris-beige, rempli de coulées et de pierres de lave solidifiées, émaillé de petits cratères secondaires, Séry, Rivals, Cassien… Une traversée « fantomatique » jusqu’au pied du cratère, qu’un sentier en lacets gravit jusqu’à l’arête finale. A vous alors le plaisir d’en faire le tour et d’apercevoir, selon l’activité, fumées et lave en fusion. Une expérience inoubliable. Du Pas de Bellecombe, il faut compter 5h minimum aller-retour, histoire de bien profiter du spectacle. Des accompagnateurs peuvent vous guider sur cet itinéraire et quantité d’autres.

Peut-être aurez-vous envie après ces émotions de « poser le sac » pour mieux comprendre la nature des paysages traversés. Pour cela, cap sur la Plaine des Cafres et la Cité du Volcan. Située à l’entame de la route forestière vers le volcan, ce musée de nouvelle génération dévoile tous les secrets du Piton de la Fournaise, par une approche ludique et interactive. Géologie, tectonique des plaques, éruptions… des animations, un film et du cinéma 4D racontent la saga du volcan. Un géant surveillé de près par les scientifiques de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise (OVPF), qui effectuent en permanence des mesures pour prévenir les éruptions. La prochaine ne saurait tarder.

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