Ces célébrités qui ont écrit ou rêvé sur Zanzibar

Arthur Rimbaud, Joseph Kessel, Jules Verne, Joseph Conrad… eux et d’autres ont parlé de Zanzibar dans leurs livres ou leurs poèmes, subjugués par cette île fantasmée située « au croisement des peuples ». Beaucoup, pourtant, n’y sont jamais allés. Preuve qu’elle possède un pouvoir narratif que d’autres n’ont pas… 

Est-ce le nom, Zanzibar (la « terre des Noirs », en langue arabe), sonnant comme une promesse d’exotisme lointain ? Est-ce parce que c’est une île qui, dans l’imaginaire, évoque un refuge à l’abri des tourments du monde ? Ou alors est-ce son Histoire, mélange unique de migrations arabes, indiennes, africaines, propice à l’aventure romanesque ? Toujours est-il que Zanzibar a conquis plusieurs générations d’écrivains dont, c’est l’originalité, beaucoup n’y sont jamais allés, préférant l’évocation onirique à la confrontation au réel.

Marco Polo à Zanzibar ?

Plage

Ce n’est peut-être pas le cas de Marco Polo. Rien ne prouve que le célèbre navigateur vénitien se soit vraiment rendu à Zanzibar mais il en parle d’une manière tellement crédible qu’on peut toutefois le supposer. Il décrit une « île grande et noble (…). Les gens ont (…) langage à eux et ne paient tribut à personne. (…) Ils sont si grands qu’ils ressemblent à des géants » (Livre des merveilles, 1298). Le reste du récit laisse transparaitre le peu d’empathie qu’il ressent face à ces gens aux « lèvres et yeux si grands [qu’ils sont] horribles à regarder »…

Rimbaud, le rêve impossible

Au fil des siècles, Zanzibar va devenir une terre de mission et de conquête pour les Perses et les Arabes, et notamment les Omanais. Puis pour les Européens, les Anglais en tête. Carrefour du commerce d’épices et d’ivoire, terre de parfums et de couleurs, elle rassemble marchands arabes et peuples bantous, à l’origine de la culture swahilie, toujours vivante de nos jours à Zanzibar. L’île devient aussi la tête de pont de l’exploration de l’Afrique australe et suscite mythes et fantasmes auprès des littérateurs. Arthur Rimbaud est l’un d’eux. Après avoir abandonné la poésie et « soldé les comptes » avec Verlaine, il part, à 26 ans, en Ethiopie. Mi aventurier, mi négociant, il choisit la ville d’Harar comme port d’attache et y vivra à trois reprises entre 1880 et 1891. Il entend fatalement parler de Zanzibar mais ne s’y rendra jamais, se contentant de l’évoquer dans les lettres qu’il adresse à sa famille et à ses amis. « Peut-être irai-je à Zanzibar, d'où l'on peut faire de longs voyages en Afrique...» (1887). « Et peut-être ne partirai-je pas pour Zanzibar, ni pour ailleurs...» (1887).

« Cinq semaines en ballon »… depuis Zanzibar

Flammand

Parlons de Jules Verne. Lui non plus ne mettra jamais les pieds à Zanzibar. Pourtant, l’île apparait dès l’introduction de « Cinq semaines en ballon » (1863), point de départ de son fameux périple aérien. « L’île de Zanzibar s’offrait tout entière à la vue et se détachait en couleur plus foncée, comme sur un vaste planisphère  (…) Les habitants de l’île apparaissaient comme des insectes. Les hourras et les cris s’éteignaient peu à peu dans l’atmosphère… ». 

« Paradis dans l'océan Indien, embaumé de clous de girofle ». Joseph Kessel

Parmi les auteurs à l’avoir rêvée sans y poser le pied, il y a d’autres écrivains-aventuriers. Pour Joseph Conrad, elle restera un fantasme, lui qui avait pourtant navigué comme capitaine sur tant de mers du monde. Idem pour Victor Segalen, l’écrivain breton : fasciné par la Polynésie et la Chine – il se rendra à Tahiti comme médecin de la marine -, il n’aura pas la chance de découvrir l’Afrique orientale. Le doute subsiste quant à Henry de Monfreid, l’iconique aventurier-escroc-trafiquant et romancier aux soixante-dix récits. A-t-il seulement navigué le long de la côte des Somalis, jusqu’à Zanzibar ? Rien n’est moins sûr… Pour son ami Joseph Kessel, on a plus de certitudes : il ne s’y est jamais promené. « Zanzibar... je n'aurai plus jamais loisir de m'y rendre. Zanzibar, paradis dans l'océan Indien, embaumé de clous de girofle », écrit-il dans son célèbre roman « Le lion », en 1958.  

Sur les traces de Livingstone…

Mais alors, qui est vraiment allé à Zanzibar, hormis peut-être Marco Polo ? Pas (encore) Nathalie Heidsieck de Saint-Phalle qui, dans « Hôtels littéraires » (Editions Denoël, 2005), écrit : « J'irai à Zanzibar. J'irai parce que j'en rêve comme j'ai rêvé de Trébizonde. [...] J'irai aussi à Zanzibar parce qu’il [Rimbaud] en a eu l'obsession...». L’écrivain-explorateur anglais Richard Francis Burton, lui, y est allé. En 1857, il quitte Zanzibar pour tenter de découvrir le lac Tanganyika et, plus secrètement, les sources du Nil. Parti sur les traces de Livingstone, le journaliste britannique Henry Morton Stanley passe aussi par Zanzibar au milieu du XIXe s. Dans « Comment j’ai retrouvé Livingstone » (1871), il écrira : «… je distinguais à peine les Arabes des Africains, les Africains des Banians, les Banians des Hindous, les Hindous des Européens. Zanzibar est le Bagdad, l'Ispahan, le Stamboul de l'Afrique orientale. C'est le grand marché qui attire l'ivoire et le copal, l'orseille, les peaux, les bois précieux et les esclaves de la région ». Le melting-pot de Zanzibar est, à cette époque, une crue réalité…

Hôtel Africa House, ancien « club » anglais où résidèrent Waugh et Rolin

Sunset

En 1930, le romancier anglais Evelyn Waugh pose ses valises sur l’île. L’auteur illustre du futur « Grandeur et Décadence » est allé en Afrique assister, pour le journal Le Times, au couronnement d’Hailé Sélassié, en Ethiopie. Il poursuit son voyage jusqu’à Zanzibar. « Des palmeraies s'étendent de part et d'autre ; la ville semble très petite et plate », écrit-il dans « Hiver africain » (1931). Plus loin, il se plaint de la chaleur. « Je prends des notes sur l'histoire de Zanzibar ; l'encre se dilue dans les gouttes de sueur qui tombent sur le papier »… Plus près de nous, l’écrivain français Jean Rolin a fréquenté Zanzibar. Comme Evelyn Waugh, il fut hôte du mythique hôtel Africa House, à Stone Town. L’ancien « club » anglais a été rénové et sa terrasse offre, au coucher du soleil, une vue romantique sur le port et ses boutres. Dans « La ligne de front » (2010), Jean Rolin rêve devant « ces palais abolis (…) ces cimetières d'une religion indécise, aux tombes renversées (…) ces escaliers effondrés donnant sur des cours vides d'où jaillit la flèche d'un cocotier (…), cette forteresse portugaise… ». Zanzibar n’a jamais été à court d’une envolée lyrique…  

Dernière mise à jour : 20/12/2024

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