Rodrigues, le paradis retrouvé
A 560 km à l’est de Maurice, cette petite île propose une immersion aux allures de voyage rétro. Avec la zénitude comme mantra, on y est accueilli en ami pour plonger, pêcher, randonner et découvrir une gastronomie méconnue, ainsi qu’une nature intègre. Bienvenue sous les tropiques d’autrefois…
18 km de long, 8 km de large, 40 000 habitants. A 1h30 de vol depuis Port-Louis, l’île Rodrigues ramène sans crier gare le voyageur des décennies en arrière. Elle le renvoie à l’époque où les destinations tropicales s’ouvraient gentiment au tourisme, avec leurs premiers hôtels et ce petit supplément d’âme bienveillant qui faisait leur charme. Si, depuis, Rodrigues s’est pliée aux standards de l’accueil international, elle a conservé cette touche de cordialité et d’authenticité non formatée qui plaira aux voyageurs en quête de « vérité ». Soit, notamment, les touristes désireux de retrouver les attributs originels de Maurice quand la (grande) industrie hôtelière n’avait pas encore posé sa patte sur l’île.
Nonchalance de Port-Mathurin
Si le service à Rodrigues n’est pas 5 étoiles, il brille de gentillesse et de chaleur humaine. A titre de comparaison, on pourrait mettre en parallèle Rodrigues et Marie-Galante. Autant Grande-Terre et Basse-Terre, en Guadeloupe, sont actives, animées et parfois survoltées, autant Marie-Galante est tranquille, agricole et reposante. Cette nonchalance transpire à Port-Mathurin, la petite capitale de Rodrigues. Hors le samedi, jour de marché, et lorsque les bateaux de commerce arrivent de Maurice pour livrer leur marchandise, il flotte ce parfum de torpeur typique des tropiques, entre vieilles maisons créoles, une ou deux bâtisses coloniales et le fatras d’échoppes en bois où l’on trouve de tout et de rien…
Séga kordéon et bals rãnn zariko
La population de Rodrigues tranche avec celle de Maurice. Moins d’Indiens et plus d’africanité sur cette île qui n’a jamais connu d’industrie sucrière ni textile et fut peuplée au début du 18ᵉ s. par des colons français puis anglais, accompagnés d’esclaves malgaches et africains. Cette caractéristique a déteint sur les habitudes culturelles et alimentaires. Si la musique séga est aussi populaire qu’à Maurice, elle prend ici le nom de séga kordéon ou de séga tambour et se joue à des rythmes plus rapides que chez sa voisine. On s’en rend compte lors des bals rãnn zariko, des fêtes traditionnelles pour Rodriguais d’âge mûr organisées ici ou là sur l’île – se renseigner à son hôtel ou à l’office de tourisme de Port Mathurin.
L’ourite, poulpe délicat
Côté gastronomie, les saveurs sont différentes. À Rodrigues, le temps importe peu… alors, on cuisine longtemps ! Comme le maïs, la patate douce ou les oignons, qui accompagnent l’excellente viande de poulet ou de cochon, élevés au grand air. Les achards sont excellents, de même que le fameux dessert local, la tourte rodriguaise, préparée avec de la noix de coco et de l’ananas. Et que dire des ourites, ces poulpes savoureux récoltés par des piqueuses à pied, que l’on peut voir au travail le matin à l’Anse aux Anglais ou à Rivière Banane ? Dégustés en salade ou en cari, c’est un régal. Autant d’odeurs et de saveurs à découvrir le samedi matin (tôt) au célèbre marché de Port Mathurin. Fruits, légumes, viandes, miels d’eucalyptus (divin !)… toute l’île ou presque vient s’approvisionner dans cette agora chatoyante.
Plages du nord-est
Si les estomacs sont sûrs d’être satisfaits à Rodrigues, le corps et l’esprit le seront aussi. Intègre et encore peu fréquentée, l’île préserve une nature et des côtes remarquables. Les plages sont rares mais de grande qualité. Les plus belles se trouvent sur la côte nord-est, du côté de Pointe Coton. Trou d’Argent, Anse Bouteille, Fumier Beach (ne pas se fier à son nom !), Anse Ally… sont divines, de même que les criques désertes que l’on peut découvrir par le sentier littoral, entre Pointe Coton et Gravier. Cela tombe bien, c’est là que se trouvent deux des hébergements choisis par Exotismes pour accueillir ses clients, le Tekoma Boutik Hôtel (4*) et le Cotton Bay Resort & Spa (3*).
Plongées et pêche au gros iconiques
Avantage supplémentaire d’une île située à l’écart des grandes migrations touristiques : les fonds sous-marins sont remarquables et les poissons, abondants. Deux atouts à prendre en compte par les fans de plongée sous-marine et de pêche au gros. Les premiers n’auront que l’embarras du choix, tant l’ile regorge de sites. En optant pour un club de plongée professionnel (il en existe un à côté de l’hôtel Tekoma), cap sur la Passe de Saint-François, la Basilique ou le site iconique de Karlanne, en pleine mer, où tous les poissons tropicaux semblent s’être donné rendez-vous. Quant à la pêche au gros, sachez que Rodrigues est réputée pour avoir capturé parmi les plus gros marlins et thons du monde ! – se renseigner à votre hôtel pour le contact des prestataires.
Escapade à l’île aux Cocos
L’île n’est pas faite pour les noctambules, mais se livre sans compter aux amoureux de nature. En mer encore, grâce aux vents puissants et réguliers, les planchistes à voile et kitesurfeurs trouveront facilement leur bonheur. Et les excursionnistes marins aussi : impossible de manquer l’escapade à l’île aux Cocos, au large de la côte ouest, une réserve naturelle d’oiseaux où l’on finit par s’étendre sur une plage de sable blanc - sorties organisées par des prestataires, se renseigner à son hôtel.
Réserve de tortues et Caverne Patate
L’intérieur de l’île et les côtes promettent la découverte de paysages virginaux, de villages et de hameaux authentiques. En voiture de location ou en randonnée, cap sur Anse aux Anglais, au nord. Une petite plage, des piqueuses d’ourites, un bel hébergement (Cocotiers Hôtel) et la possibilité de s’échapper à pied le long de la côte, vers Baladirou et l’isolée Rivière Banane. Tout au sud, on appréciera de visiter la réserve de tortues François-Leguat, ainsi que la Caverne Patate, une grotte naturelle d’1 km de long.
Eglise de Saint-Gabriel, vaste vaisseau de l’océan Indien
Si l’on tient à s’immiscer dans l’intimité de Rodrigues, il suffit de prendre de la hauteur. Depuis Mont Lubin, carrefour des hauteurs situé sous le point culminant de l’île (Mont Limon, 398 m), on dévalera la route vers Port Sud Est, splendide itinéraire à grands panoramas sur la côte et le lagon. On pourra aussi randonner dans les vallées du centre qui dégringolent vers la mer… ou assister à la messe du dimanche dans l’église de Saint-Gabriel, l’une des plus grandes de l’océan Indien, célèbre pour son ambiance créole et ses chants.
Dernière mise à jour : 05/04/2023
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