Top 6 des rhumeries de Martinique

Le 22 mai 2019

Quand on est touriste, on est nécessairement épicurien. Aussi, bien rares sont les voyageurs qui vont en Martinique sans avoir envie de goûter à l’un des produits phares de l’île : le rhum agricole, le seul à bénéficier d’une AOC. Alors que s’est tenu à Paris, mi avril, Rhum Fest, le salon-événement autour de cette boisson, et que la récolte de canne à sucre bât son plein jusqu’en juin, nous vous livrons le chemin des meilleures distilleries de Madinina, à visiter sans délai.

Le propos n’est pas ici de savoir qui produit le meilleur rhum. Déjà, parmi les puristes, certains auront un penchant pour le rhum martiniquais, ou pour le dominicain, ou le jamaïcain, ou bien pour celui d’autres îles des Caraïbes. Ce qui est sûr, c’est que la Martinique produit l’un des meilleurs rhums agricoles au monde.

Parmi les domaines, les préférences sont une affaire de goût personnel. Comme pour un terroir viticole, où certains préfèreront les Bordeaux aux Bourgogne, les Côtes du Rhône aux vins d’Anjou, il y a des inconditionnels. Que vous soyez primo-accédant à la Martinique ou voyageur chevronné dans l’île, le but est de vous emmener sur les terres de ceux qui élaborent le rhum blanc, ambré ou vieux, avec passion, pour qu’ils vous racontent leur histoire. En route pour le voyage !

Maison La Mauny

A tout seigneur, tout honneur, commençons par le rhum qui détient probablement le record de notoriété dans l’Hexagone. La distillerie La Mauny, installée à Rivière-Pilote, au sud de l’île (près des principales implantations des hôtels-clubs), c’est une histoire vieille de… 270 ans. En effet, c’est en 1749 qu’un dénommé Ferdinand Poulain (nom plutôt prédestiné au chocolat…), débarque depuis sa Bretagne natale en Martinique.

Epousant la fille d’un planteur local, il donne au domaine le nom de sa femme : La Mauny. D’abord destiné à la production de sucre, l’exploitation se lance dans le rhum en 1820. Passé entre de nouvelles mains dans les années 1930, le domaine connait une forte expansion après la seconde guerre mondiale et voit son travail récompensé en 1996 par le label AOC.

La visite du site, situé dans une verte vallée entourée de champs de canne à sucre, est bien rodée. Les clients circulent en petit train et découvrent l’ancienne maison de maître, les vergers, les champs de canne, la distillerie… L’occasion d’apprendre que le rhum agricole est produit après fermentation et distillation du jus de canne, alors que le rhum industriel est issu de la mélasse. De s’entendre dire que la coupe des cannes débute en février et se termine en juin. Qu’elles sont pesées et broyées avant de partir en fermentation. Qu’à l’issue de la distillation, commence l’assemblage et le vieillissement, à l’instar du vin.

La Mauny produit des centaines de milliers de litres de rhum chaque année, dans des gammes Classique ou Prestige. Certains sont vieillis jusqu’à 30 ans en fûts de chêne. La visite inclut un passage à la boutique La Cabane à Rhum, histoire de déguster rhums (dont un à la fève de cacao !), ti punchs, cocktails... et d’acheter une ou deux (ou plus) bouteilles. Vous voilà désormais expert !

Dillon

Autre marque à forte notoriété, pour avoir été l’une des premières à communiquer à grande échelle dans l’Hexagone, Dillon possède des installations à Fort de France, dans un quartier qui porte son nom. Une habitation sucrière était déjà présente en 1690 mais l’aventure de la marque a vraiment débuté en 1779, il y a 240 ans (c’est décidément la période des anniversaires !).

C’est l’année où vient sur l’île Arthur Dillon, un français en route pour la guerre d’Indépendance américaine. Il y rencontre l’héritière d’une famille de planteurs, de qui il aura une fille et il dirigera la plantation à la fin du 18ème s. L’héritière se mariera ensuite avec un autre homme mais le nom Dillon est resté. Voilà pour l’histoire.

La visite, elle, montre que la marque a su traverser les époques. Nous ne sommes pas ici sur un domaine sucrier. Les champs de canne de Dillon se trouvent à Saint-Pierre et à Basse-Pointe. Les chais attenants à la boutique sont utilisés uniquement pour l’embouteillage et le vieillissement. Un diaporama présente aux visiteurs les différentes phases d’élaboration du rhum Dillon. Avant une inévitable dégustation et l’achat de rhums agricoles blancs, vieux et même des cocktails.

Après avoir commercialisé l’an dernier un vieux rhum d’assemblage de 9 ans d’âge, la marque propose en cette année anniversaire un verre exclusif de dégustation de ti’punch, décoré d’un logo… avec de l’or.

Neisson

Certains connaisseurs disent que c’est chez Neisson que l’on trouve le meilleur rhum blanc agricole des Antilles. Nous ne nous risquerons pas à confirmer ou à infirmer cette assertion et vous invitons plutôt à visiter le site de la marque, situé au Carbet, au nord-ouest de l’île.

Neisson n’est pas un domaine historique. Il n’a été fondé « qu’en » 1931. Mais ses plus de 85 ans d’âge lui confèrent une certaine sagesse. La raison ? La marque défend la plus pure tradition aromatique du rhum martiniquais. Et elle se distingue par la forme de sa bouteille, large et forte, « Zépol Karé », comme disent les Martiniquais ! Distillerie familiale, elle est dirigée par la fille et le petit-fils du fondateur, Hildevert-Pamphille Neisson.

Toujours indépendante, Neisson s’est positionnée sur le créneau Premium, tout en restant à taille humaine. Comme pour les vins, les amateurs savent que les crus 1991, 1992 et 2004 sont des millésimes d’exception. La marque est aussi l’une des rares à produire des rhums en « agriculture biologique ».

Conséquence de son histoire atypique, elle a obtenu en 2018 le label « Entreprise du Patrimoine Vivant », une première pour une distillerie de rhum en Martinique. Cette consécration devrait favoriser les ventes de la marque. Rappelons ici que le marché du rhum représente un chiffre d’affaires d’environ 400 à 450 millions d’€ par an pour la Martinique, avec 16 millions de litres produits en 2017, dont 80% est destiné à la métropole.

Le label est aussi un atout pour le… spiritourisme, ce segment de marché qui consiste pour les touristes à visiter des terroirs producteurs de spiritueux (comme l’Ecosse pour le whisky). C’est le cas chez Neisson, évidemment. Le voyageur découvrira l’outil de production et les procédés de fabrication, sans omettre la dégustation. D’après le Comité martiniquais d’organisation et de défense du marché du rhum, 700 000 personnes ont visité les distilleries de l’île en 2018.

Saint-James

Le nom sonne anglais mais nous sommes bien à la Martinique ! Implantée à l’origine à Saint-Pierre, la ville détruite par l’explosion de la Montagne Pelée en 1902, ce domaine existe depuis le 18ème s. Il a été déplacé à Sainte-Marie en 1974, afin d’être au plus près des plantations. Et c’est Jacques Chirac en personne, alors Premier ministre, qui a inauguré les nouvelles installations.

La gamme des produits Saint-James fait honneur à la palette de production habituelle de l’île : des rhums blancs, ambrés, vieux et d’exception, ainsi que des cocktails. La « Cuvée Spéciale », issue d’un assemblage de rhums de plus de 6 ans d’âge, est la vitrine de la marque. Derrière sa couleur brune à reflets acajou, elle cache un nez de cacao, mêlé de notes de fruits et d’épices. Au total, Saint-James produits plus de 3 millions de litres de rhum agricole par an.

Ouvert toute l’année, le site propose de visiter le Musée du rhum et la Maison de la distillerie. Situés dans l’enceinte des installations de production, le public découvre les techniques de fabrication du rhum… et du Saint-James en particulier, sans en dévoiler bien sûr tous les secrets. L’accès est gratuit.

Plus intéressant encore, le domaine propose des visites guidées de la distillerie en période de production, soit de mars-avril à juin. La prestation s’accompagne d’une balade en train à travers les plantations de canne à sucre et de bananes. Boutique et dégustation sont évidemment au programme.

J.M.

Voilà un domaine qui mérite la visite, a minima, pour son site ! J.M. et son Habitation Bellevue sont en effet situés à Macouba, sur les terres volcaniques des flancs nord de la Montagne Pelée. Des terres propices à la culture d’une excellente canne à sucre.

D’autres connaisseurs considèrent son rhum vieux comme le nec plus ultra – en la matière, chaque amateur a son domaine favori et les goûts sont très partagés ! Fondé à la fin du 19ème s., la rhumerie a été rachetée en 1914 par Gustave de Médeuil à Jean-Marie Martin (d’où J.M. !). Ses héritiers sont toujours aux commandes de la distillerie familiale qui met un point d’honneur à utiliser de l’eau de source jaillissant des tréfonds du volcan pour élaborer ses rhums.

En période de production, la canne à sucre est broyée dans les moulins du domaine moins d’une heure après la coupe. Le rhum est distillée dans deux colonnes traditionnelles en cuivre, à 72%, pour qu’il conserve sa richesse aromatique. Vieillis en fûts de bois, les rhums J.M. sont régulièrement primés dans les salons internationaux.

Depaz

Lui aussi placé dans un site exceptionnel, au pied de la Montagne Pelée et au bord de la baie de Saint-Pierre, Depaz a poussé loin le concept de spiritourisme. Le visiteur peut non seulement découvrir la distillerie (visite gratuite) mais aussi, dans le désordre : le musée du rhum ; une roue à aubes ; le superbe château Depaz (payant) ; les rhums maison à la boutique ; la Case Louisette (boissons et gâteaux) ; et même le restaurant Le Moulin à cannes !

Inutile de vous dire qu’il faut un peu de temps pour apprécier l’ensemble. Le tout sous le regard intimidant de la Montagne Pelée. C’est d’ailleurs elle qui a créée la légende Depaz. En 1902, elle est dévastée par l’éruption du volcan... puis reconstruite vaillamment par le seul rescapé de la famille, Victor Depaz !

Autre symbole : c’est l’un des plus anciens domaines agricoles de l’île, fondé en 1651 par le premier gouverneur de la Martinique, Jacques Duparquet. Du tabac à l’élevage en passant par l’indigo, le domaine sera rapidement utilisé pour la culture de la canne à sucre. La prospérité du domaine déteint sur la ville de Saint-Pierre, premier port rhumier mondial à la fin du 19ème s. ! Jusqu’à la catastrophe de 1902…

La reconquête aboutira à l’obtention de plusieurs récompenses, à travers des médailles obtenues dans des concours en métropole. Les rhums Depaz sont toujours en haut de l’affiche. En 2018 encore, ils obtenaient plusieurs médailles au Concours Général Agricole.

→ D’autres domaines existent à la Martinique : Clément, Habitation Saint-Etienne, Trois-Rivières, La Fa vorite, Hardy… Au total, une douzaine sont à visiter, idéalement en période de récolte de la canne à sucre, de mars à juin.

→ Les rhums de la Martinique sont à découvrir aussi à la Foire de Paris, au Parc des expositions de la Porte de Versailles, du 27 avril au 8 mai.

Dernière mise à jour : 20/12/2024

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