Ces fruits tropicaux qui font rêver… (2/2)
Au naturel ou pressés en jus, ils sont indissociables d’un séjour réussi dans les îles. Présents à la table du petit-déjeuner ou sur les marchés, en voici cinq à goûter absolument, aux Antilles, dans l’Océan Indien ou en Polynésie. Deuxième série avec la goyave, le maracuja, la carambole, le corossol et le fruit du dragon.
Goyave
L’anecdote à cours partout en Guadeloupe et en Martinique. Les Européens appellent ce fruit go-yav, tandis que dans les Antilles francophones, tout le monde prononce gwa-yav. « Chez vous, vous dites bien vwa-yage, pas vo-yage ! », répondent avec pertinence les locaux. Alors si l’on veut faire… couleur locale, il faut dire aussi gwa-yav, histoire d’avoir moins l’air d’un touriste !
Cela étant dit, voilà un fruit qui entre avec autorité dans le panel des saveurs tropicales. Fruit du goyavier (gwa-yavier !), arbre qui pousse jusqu’à 8 m de haut dans les Caraïbes, en Asie et en Afrique (et aussi à la Réunion), la goyave se présente sous une forme oblongue ou ronde, mi-poire, mi-avocat. Sa chair rose, un peu pulpeuse et avec quelques graines, le rend plutôt nourrissant. On le trouve coupé en tranches à la table du petit-déjeuner et souvent en jus ou nectar de fruit, où sa consistance ressemble à celle du jus de poire.
La goyave s’apprécie aussi en sorbet, en confiture ou en cocktail, alcoolisé ou non. En Martinique, on le retrouve dans le Robinson et « l’amour caché », deux gâteaux à pâte brisée surmontée d’une ou plusieurs couches de fruits locaux. En Guadeloupe, le village de Goyave (Basse-Terre), tire son nom de la présence de nombreux goyaviers. À La Réunion, la court cueillette d’avril à août, période idéale pour le déguster frais. Et une fête du goyavier a lieu chaque année en juin à La Plaine des Palmistes, au centre-est de l’île.
Corossol
Originaire de Colombie et ayant migré aux Caraïbes à partir du 17ᵉ s., le corossol se présente sous la forme d’un gros fruit vert hérissé de piquants, pesant jusqu’à plus de 2 kg. Cueilli sur le corossolier, on le trouve en Afrique, en Amérique et en Asie, où il porte différents noms. Appelé corossol aux Antilles, car ayant transité par l’île de Curaçao (jadis appelée curasso, raison probable de cette similitude), il est nommé graviola au Brésil, guanábana dans d’autres pays d’Amérique centrale et du sud et aussi sapotille à La Réunion.
Derrière ces étymologies, une même chair : blanchâtre, légèrement filandreuse, juteuse, très odorante et parsemée de graines noir brillant. Le goût est à la fois acidulé et sucré, frais et délicat. Il peut rappeler celui de la mangue et du litchi. À La Réunion, le corossolier aurait été introduit dans les années 1760. On le trouve surtout dans la partie ouest de l’île. Frais, on le consomme d’avril à juin et d’octobre à décembre, les deux périodes de récolte. On le déguste en tranches, en jus ou en glace.
Aux Antilles, on utilise aussi les feuilles du goyavier pour préparer une infusion, un « thé péi » qui aurait les mêmes vertus apaisantes que la camomille et permettrait de trouver facilement le sommeil. Le fruit, lui, se rencontre toute l’année. En Polynésie, où on le nomme aussi totara, on utilise les feuilles pour calmer la nervosité des bébés en versant l’eau de l’infusion dans celle du bain. Et on s’en frotte le corps pour éloigner les moustiques. Multiples usages pour un fruit délicieux !
Maracuja
Son nom seul est une promesse d’exotisme. Ma-ra-cu-ja sonne comme un air de samba, une musique entrainante à écouter sur la plage au coucher du soleil en sirotant un cocktail. Ce produit, aussi connu comme « fruit de la passion » (autre appellation suggestive !), est l’une des stars du buffet « fruits » des petits-déjeuners tropicaux. Tout rond, sa peau violacée et ridée craque subitement sous la lame du couteau, révélant deux coupelles remplies de pulpe (arille) et de graines un peu gélatineuses à la saveur acidulée rafraîchissante, à déguster à la petite cuillère.
Le maracuja est le fruit de la grenadille, plante grimpante du genre passiflore originaire d’Amérique du Sud. Peu calorique, mais riche en vitamines et sels minéraux, il promet le coup de fouet énergétique à tous ceux qui ont le réveil difficile. Acheté sur les marchés de Fort-de-France, Pointe-à-Pitre ou Saint-Denis, il se conserve quelques jours dans un endroit sec, à température ambiante.
Aux Petites Antilles, il a été introduit au début du 20ᵉ s. et se présente sous une couleur tirant plus vers le jaune et le rose. On l’utilise en salades de fruits, mais aussi en glaces, sorbets, jus frais et même en punchs. A La Réunion, le pic de saison s’étend de novembre à février et on appelle parfois ce fruit du nom de l’arbre, la « grenadille ». Cinq espèces sont présentes sur l’île, mais seule la variété « passiflora edulis sims » est cultivée de manière commerciale. Les quatre autres agrémentent les jardins ou poussent de manière sauvage.
Fruit du dragon
Connu également sous le nom de pitaya, voilà un drôle de fruit, aussi esthétique que délicieux. Issu d’une variété de cactus, le « fruit du dragon » est très présent au Mexique et en Asie du Sud-Est. Il se nommerait ainsi, car l’arbuste, grimpant et s’enroulant autour des troncs d’arbres, évoquerait la forme d’un long dragon, symbole important dans la culture asiatique. Plusieurs variétés donnent naissance à des fruits de différentes couleurs. Sous un aspect lourd pourvu d’écailles, sa chair garnie de pépins peut être blanche-grise (c’est la plus répandue), jaune rose ou franchement sanguine. Cette dernière est la plus prisée.
Le goût du fruit du dragon, peu calorique, se rapproche de celui du kiwi, mais est beaucoup plus sucré. Le fruit du dragon rouge est le plus parfumé. Découpé en quartiers, il a toute sa place dans une salade de fruits et s’apprécie aussi, comme d’ailleurs une majorité de fruits tropicaux, en sorbet. Pressé, on peut également le consommer en jus. Au-delà de ses vertus gustatives, la consommation de pitayas est aussi recommandée en cas de troubles digestifs, d’acide urique trop élevé et de goutte.
Dans le monde, sa production se concentre au Vietnam, en Israël et en Amérique centrale. En Guadeloupe et en Martinique, les plantations sont en plein essor depuis une dizaine d’années. Elles ont été promues pour faire face à la crise sur le marché des agrumes et dans un souci de diversification des productions, notamment vis-à-vis de la banane. La pitaya est plus connue à la Réunion, où il a été introduit à la fin du 19ᵉ s. On le trouve dès le printemps sur tous les marchés.
Carambole
En Europe, elle accompagne parfois les pâtisseries, jolie étoile jaune-verte posée en décoration sur un fraisier ou un gâteau au chocolat. On croque dedans avec curiosité, surpris par son acidité quand elle est nature ou son goût sucré lorsqu’elle est confite. On la déguste comme une fantaisie, sans jamais vraiment se poser la question de son origine. Cette « graine » à la forme si esthétique quand on la tranche transversalement, se nomme la carambole. C’est le fruit du carambolier, un arbre originaire d’Asie du Sud-Est.
De nos jours, le fruit est cultivé sous de nombreux cieux tropicaux et on le retrouve sur les étals des marchés, aux Caraïbes et dans l’Océan Indien. L’arbre fleurit rose et le fruit se récolte en général une cinquantaine de jours après, quand il devient jaune et que sa peau, légèrement striée, prend une texture cireuse. On le consomme dans les jours qui suivent et c’est ainsi qu’on le retrouve, tranché, aux buffets de restaurants ou de petits-déjeuners.
Dans la bouche, l’aigre-doux le dispute à l’acide. Pauvre en calories, la carambole est riche en vitamines et minéraux, mais attention, il faut limiter sa consommation, car l’une de ses composantes, la caramboxine, peut causer des dommages aux personnes souffrant de problèmes rénaux. On ne fera donc pas une salade de fruits complète de caramboles, mais on se contentera de son goût croquant mêlant pulpe translucide et petites graines brunes.
Dernière mise à jour : 12/03/2024
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