Guadeloupe, des sensations en cascade
Pour ceux qui veulent échapper un temps à la moiteur tropicale de l’île papillon, les cascades de Basse-Terre offrent une escapade idéale. Aux chutes du Carbet, à la cascade Acomat ou en canyoning sur la rivière Bourceau, la fraîcheur et les émotions sont au rendez-vous.
Seconde chute du Carbet, un dimanche après-midi d’août. Il est 17h30. Une pluie violente s’abat sur l’étroite route qui grimpe depuis Saint-Sauveur sur les pentes forestières de la Soufrière, en direction de la plus accessible des trois chutes d’eau. Face à nous, phares allumés et essuie-glaces battants, des véhicules descendent prudemment la route, dans l’obscurité naissante. Le pique-nique dominical est achevé, les glacières ont été remisées dans le coffre. Les familles guadeloupéennes rentrent à Pointe à Pitre ou à Basse-Terre.
Lorsque nous arrivons sur le parking de la cascade, à 20 mn de marche de la chute, il ne reste plus que deux voitures. La pluie a redoublée de violence et le crépuscule est proche. Irons-nous jusqu’à la cascade ? Ou rebrousserons-nous chemin ? Un rapide coup d’œil aux enfants, excités par la perspective d’une marche « aventureuse », me convainc : qu’importe l’ondée tropicale, nous partons ! Après tout, une bonne averse caraïbe n’a jamais tué personne et chacun sait ici que l’on sèche – presque – aussi vite que l’on s’est mouillé.
Détrempés, nous le sommes, en moins d’une minute. Nous nous arrêtons sous l’auvent en béton du centre d’accueil des chutes, géré par le parc national de la Guadeloupe. A cette heure tardive, il est fermé mais il nous offre un court répit avant la marche. Nous y croisons l’avant-dernière famille de retour de balade. Rincée mais souriante, voire même encourageante. « Ce n’est pas très loin, disent-ils, à peine un quart d’heure ». S’ils ont survécu, nous survivrons ! Bien balisé et aménagé, le chemin dévale dans un vallon forestier à la végétation exubérante. Caché par la frondaison, le ciel est invisible. Sur les côtés, des rigoles gonflées par l’averse forment des mini-cascades bruyantes qui se jettent dans le fond du thalweg. Nous franchissons un pont sur Le Carbet, de l’eau dans les yeux, lunettes embuées.
Une courte remontée et soudain le sentier s’arrête sur une étroite plate-forme d’observation. Le dernier couple encore présent sur les lieux s’y trouve. Sur la droite, la cascade, étroite et magnifique, chute d’une centaine de mètres de haut, avec fracas. Virginité absolue. Sentiment d’être perdu au cœur de l’univers tropical. Nos shorts et tee-shirts pèsent 3 kg de plus mais nous n’y pensons plus. Après quelques minutes à contempler ce décor de jungle, nous rebroussons chemin, sous un ciel enfin calmé après avoir déversé ses trombes d’eau.
L’excursion à la cascade Acomat est d’un autre… acabit. C’est un des lieux intéressants en Guadeloupe pour qui cherche un site naturel tempéré et la possibilité de se baigner. Pour s’y rendre, direction la côte ouest de Basse-Terre, face à la mer des Antilles. Depuis les resorts du Gosier, Saint-Anne ou Saint-François, à Grande-Terre, il faut couper Basse-Terre par la célèbre route de la Traversée, qui passe par la montagne forestière. L’arrêt-minute à la cascade aux Ecrevisses, proche de la route, offre un avant-goût de ce qui attend le visiteur plus loin. Le site est agréable mais très – trop – fréquenté le week-end.
Arrivé à Mahaut, cap à droite sur la N2, vers Pointe-Noire. 2,5 km plus loin, une route accidentée réinvestit à nouveau le relief, ouvrant des paysages splendides sur la côte caraïbe. 2 km de grimpette encore et l’on se gare comme on peut au bord d’un chemin, entre des flaques d’eau. Reste à dévaler le lit d’un petit torrent à demi sec sur une cinquante de mètres, entre des blocs de pierre, avant de retrouver l’image de carte postale tropicale : de gros rochers polis, des vasques claires sous la végétation et la cascade, plus toboggan que chute, déversant son débit puissant dans un large bassin couleur turquoise enserré de rocs.
Par son accès plus difficile, le saut d’Acomat est moins fréquenté que la cascade aux Ecrevisses. En suivant sur quelques dizaines de mètres le fil de la rivière en aval de la chute, chacun trouvera le rocher « parfait » pour poser sa serviette, avant d’aller goûter à la fraîcheur de l’eau. Un site idéal pour un pique-nique, à condition de ne laisser aucun déchet sur place. Le saut d’Acomat se trouve sur la Rivière Grande Plaine, qui se jette en mer à hauteur de la Maison du Cacao, avant Pointe-Noire en venant du sud.
La troisième sortie « expérientielle » - comme on dit désormais en langage marketing… - est la plus sportive. Quitte à aller voir des cascades, autant affronter leur débit ! C’est l’objet du canyoning, discipline consistant à dévaler un torrent dans son lit, entre sauts, glissades et rappels. En Guadeloupe, la pratique est très réglementée mais il reste des spots accessibles. C’est le cas de la rivière Bourceau, à Bouillante. Une descente à réaliser exclusivement avec un prestataire spécialisé, comme le sérieux Canopée Forest Adventure, installé sur la plage de Malendure.
A Basse-Terre, entre Malendure et la commune de Bouillante, nous partons à l’assaut du relief, direction Birloton. Véhicule personnel garé sous la frondaison, nous poursuivons la route plus en amont, avec le 4x4 du prestataire. Une dizaine de minutes de marche sur un chemin boueux et glissant plus tard et voilà notre petit groupe (deux familles, dont cinq enfants) au dessus de la rivière. Le hic, c’est que pour l’atteindre il faut dévaler en rappel une paroi rocheuse de 20 m ! Premier frisson… Qui disparait avec brio – quoique… La récompense est au bout, avec le torrent frais et le premier saut de cabri dans l’eau.
Une seconde descente en rappel nous attend le long de la cascade de Birloton. C’est la douche, violente et vivifiante. Puis vient le temps fort du parcours : le saut de 8 m par dessus une autre cascade, depuis une vire rocheuse. Pas le temps de réfléchir, il faut décrocher le mousqueton du câble de vie et répondre à l’injonction du moniteur. Alleeeez, hop ! L’auteur de ces lignes, premier de cordée pour la circonstance, doit montrer l’exemple. Plouf !! 82 kg de muscles (sic) dans une vasque, ça éclabousse… J’en ressors sain et sauf, exceptée une douleur au tympan qui m’handicapera plus tard pour la plongée… Deux enfants du groupe ont les genoux qui tremblent : ils sauteront d’un peu plus bas, à tout de même 6 m de haut.
Et il en va ainsi jusqu’au terme du torrent, du moins jusqu’à l’endroit où il est rejoint par un petit affluent qu’il faut impérativement remonter à l’aide de cordes pour revenir à hauteur du point de départ. Epreuve « cardio » assurée, qui vaut à votre serviteur une contracture au mollet. Décidément… Il n’empêche : que ce soit dans l’épreuve du canyoning ou dans les balades faciles des chutes du Carbet ou d’Acomat, la Guadeloupe des « hauts », à Basse-Terre, offre un complément (ou une alternative) idéal(e) à un séjour balnéaire sur le sable chaud.
Dernière mise à jour : 20/12/2024
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