La vanille, ce parfum qui nous veut du bien
Qui n’aime pas la vanille ? Cet épice doux et odorant exhausse les aliments et de nombreux produits d’hygiène et cosmétiques. Les tropiques sont sa zone de culture exclusive et de la Polynésie à la Réunion, des Caraïbes à l’île Maurice, il promet partout des découvertes très aromatiques.
La quantité incalculable de produits aromatisés à la vanille dans nos rayons alimentaires et cosmétiques (laitages, gâteaux, chocolats, glaces, boissons, savons, gels, parfums…) rappelle que c’est l’un des parfums préférés des Français. Sa douceur et son odeur suave ont des relents de l’enfance qui rassurent dans un monde anxiogène où la quête de repères est devenue vitale. Ce plaisir gustatif doit tout à une plante tropicale, dont la culture requiert patience et technicité. Hors sa zone naturelle de production, l’Amérique centrale, la vanille, fruit d’une orchidée nécessitant pour pousser un climat chaud et humide et de l’ombre, est fécondée à la main. Le procédé est toujours le même que celui inventé à la Réunion au 19ème s. par un esclave, Edmond Albius. Tôt le matin, en période de floraison, les vanilliculteurs rapprochent les organes sexuels mâles et femelles de chaque fleur avec les doigts et l’aide d’un outil pointu.
Madagascar et Indonésie, leaders mondiaux
De la fleur à la gousse s’écoulent quelques semaines. S’ensuit la période de la récolte, puis de l’échaudage, de l’étuvage, du séchage, de l’affinage et du tri, d’environ dix mois. A ce stade seulement, la vanille se présente telle que le grand public la connait, soit un bâton brun séché et ridé très odoriférant. Le négoce peut alors commencer… A l’échelle mondiale, la vanille est souvent associée aux petites îles tropicales mais deux grands pays monopolisent la production : Madagascar et l’Indonésie. Selon les années, l’un ou l’autre occupe la place de numéro 1. En 2020, l’île de l’Océan Indien a produit 3 000 t de vanille, l’Indonésie, 2 300 t (source FAO). Le Mexique était en 3ème position, suivi de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, de la Chine, de la Turquie… La Polynésie française arrivait au 9ème rang, avec 250 t. La Réunion et les Antilles françaises sont loin derrière, producteurs confidentiels mais de vanilles de grande qualité. En 2020, la production mondiale atteignait 7 601 t, pour un marché évalué à 2 716 millions de dollars (2 551 millions d’€). Et les Etats-Unis étaient le premier importateur mondial.
Au Mexique, la plante originelle
Partons en Amérique centrale voir de quoi il retourne. L’aire originelle de la vanille s’étendait jadis entre le sud du Mexique, le Honduras, le Belize et le Guatemala. L’ex fleur noire des Aztèques et des Mayas, pollinisée naturellement dans ces contrées par une abeille indigène, était utilisée comme arôme dans une boisson à base de cacao, le xocoatl. Les Espagnols découvrirent cette plante-orchidée lors de la conquête de l’Amérique, au 16ème s. Importée en Europe, elle connaitra un succès fulgurant auprès des cours royales d’Angleterre et de France. La région de Veracruz conservera le monopole de la production mondiale jusqu’au 19ème s., avant que la pollinisation par la main de l’homme, inventée à la Réunion, ne permettre d’exploiter la plante sous d’autre cieux. Depuis la crise des années 2000 sur le marché de la vanille, due aux cyclones destructeurs ayant affecté les plantations de Madagascar, responsables d’une hausse des prix, le Mexique a relancé sa production. Les touristes en séjour sur la Riviera Maya, autour de Cancun, n’auront hélas pas la chance de découvrir les plantations : celles-ci sont concentrées dans la région de Veracruz, beaucoup plus au nord, autour de la ville de Papantla.
Taha’a, « l’île vanille » de Polynésie
Filons dans le Pacifique, en Polynésie française. 9ème producteur mondial en 2020, la destination excelle dans une vanille de haute qualité, vanilla tahitensis, aux qualités aromatiques spécifiques, appréciées des parfumeurs. Deux îles en particulier sont concernées : Tahiti et Taha’a, la bien nommée « île vanille ». Celle-ci possède un charme fou. Sans aéroport (on atterrit sur l’île voisine de Raiatea puis on s’y rend en bateau), elle protège farouchement sa culture polynésienne. La production de vanille y a été relancée dans les années 2010 et Taha’a offre aux visiteurs la possibilité de découvrir des plantations familiales, en compagnie du prestataire spécialisé Vanilla Tours.
A La Réunion, faible production mais grande qualité
A la Réunion, la culture de la vanille s’étend sur les côtes volcaniques orientales, dites « au vent ». Ce sont les plus humides et pluvieuses. La production est concentrée dans les zones forestières situées entre Sainte-Suzanne, au nord, et Saint-Joseph, au sud. La « vanille de l’île de la Réunion » dispose d’une Indication Géographique Protégée (IGP) en France et d’une Appellation d’Origine Protégée (AOP) européenne depuis 2021, une première pour un produit réunionnais. Cette « vanille Bourbon », réputée pour sa finesse et son arôme, est cultivée sur environ 200 ha et concerne quelque 150 planteurs. La quantité ramassée chaque année, environ 12 à 15 tonnes, n’a rien à voir avec celle des années 1930, où elle s’élevait à plusieurs centaines de tonnes.
Plantations à visiter
En vacances sur l’île (en séjour en bord de mer ou en autotour), les touristes auront le choix de visiter l’une ou l’autre de ces exploitations : la plantation Vanilla Bourbon à Sainte-Rose ; l’Escale Bleue-Atelier Vanille au Tremblet ; la plantation de la vanille Roulof à Saint-André ; la Vanilleraie de Sainte-Suzanne. Toutes seront l’occasion de plonger dans l’histoire de cette culture si odorante et emblématique de l’île, après laquelle courent les plus grandes maisons d’épices. L’île Maurice et les Seychelles, elles, produisent de la vanille de façon très confidentielle. Sur la première, la culture de vanilla planifolia est en voie de relance. Pour l’heure, quelques rares domaines font pousser cette plante et les touristes pourront notamment la découvrir au Domaine de Saint-Aubin, sur la Route du Thé (sud de l’île). Aux Seychelles, quelques parcelles de vanille sont cultivées sur l’île de La Digue, dans le parc de l’Union Estate.
Relance en Guadeloupe et en Martinique
Dans les Antilles françaises, la priorité donnée depuis des décennies, voire des siècles, à la culture de la canne à sucre et de la banane a relégué la production de vanille à la portion congrue. En Guadeloupe, dans les années 1920, les plantations de vanilles de Basse-Terre étaient pourtant réputées et l’île exportait chaque année une trentaine de tonnes de gousses. Relancée dans les années 1990 grâce à l’aide de l’ONF, la production guadeloupéenne a retrouvé quelques lettres de noblesse et même obtenue une médaille d’or au Concours général agricole 2020. Sur Basse-Terre, l’île s’attache à exploiter la variété Pompona, une espèce rare et chère appréciée des restaurateurs pour sa suavité. Une même politique de relance est en cours en Martinique. Une association, PROVAE, regroupe plusieurs producteurs impliqués dans sa reprise.
© Crédits photos : Office du tourisme Tahiti & ses îles
Dernière mise à jour : 20/12/2024
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