Immersion nature à Saint Martin

Sable, plaisirs nautiques, shopping… L’île franco-hollandaise a gagné ses galons sur le front des loisirs balnéaires. Mais c’est aussi une île nature où balades à pied, à cheval et à vélo ouvrent un autre regard sur la destination. Bienvenue à Saint-Martin, côté terre et mer secrète…

Non, il n’y a pas que des plages très fréquentées à Saint-Martin. Il existe aussi une nature sauvage, des paysages volcaniques et montagneux et des coins de côte déserts. Avec même un point culminant, le pic Paradis, dressé 424 m au dessus du niveau de la mer. L’île et ses collines est à double niveau de lecture. A l’est, "côte au vent", les nuages percutent les reliefs et déversent des pluies tropicales propices à faire éclore une végétation abondante et verdoyante. A l’ouest, le climat plus sec forme des paysages arides de broussailles et de cactées, à l’image du plateau des Terres-Basses.

Puisque les plages font partie intégrante de la nature, quelques mots sur elles. Saint-Martin en compte 37, sur plus de 70 km de côtes. Beaucoup sont touristiques et même iconiques, à l’image de Maho Beach, située "sous les avions" au bout de la piste de l’aéroport de Juliana. Citons aussi Long Bay (une des plus grandes), Red Bay (et son sable légèrement coloré), Baie Nettlé (avec ses hôtels), Grand Case (et ses restaurants locaux, les "lolos"), Orient Bay (la "St-Trop’ des Caraïbes"…).

Ceux qui préfèrent les plages "désertes" ou sauvages auront le choix. Entre la falaise aux Oiseaux et la pointe du Canonnier, Baie aux Prunes est une vaste étendue sableuse comme on les aime, isolée et peu fréquentée. La plage des Amoureux, elle, est nichée sur la côte rocheuse, du côté de la pointe Arago. On y accède difficilement par le chemin des Douanier. Mais pas question d’y poser plus de deux serviettes : c’est la plus petite plage de Saint-Martin !

Randonner pour rejoindre une plage "perdue" est plaisant. Happy Day, par exemple, s’atteint après 15 minutes de marche depuis Grand-Case, côté France. Au bout, un décor de sable, de rochers et de cocotiers protecteurs. Plus isolée, voici Petites Cayes. Il faut 30 mn depuis Anse Marcel pour atteindre ce havre quasi désert, tout au nord, côté français. Parlons aussi de Coconut Grove et de sa mangrove, de Geneve Bay et de ses piscines naturelles (à 1h de marche de Guana Bay), de Cay Bay et de ses itinéraires d’accès à cheval ou à VTT… Et des plagettes et criques de Cupecoy, situées au pied de splendides falaises ocre.

Il y a mieux encore : les îles. Au large de Saint-Martin, l’îlot français Tintamarre est un havre de paix et de végétation posé à 4 km du rivage. Sur 100 ha, cette réserve naturelle inhabitée est accessible via des navettes depuis l’embarcadère de Cul-de-Sac. Ou alors en kayak. Sur place : les vestiges d’une exploitation de coton du début du 20ème s. Et deux plages, Baie Blanche, face à Saint-Martin, et une autre, plus secrète, au sud-est. Au programme : snorkeling (on y voit souvent des tortues et des raies) et balades le long des falaises.

Ceux que la distance rebute se contenteront d’accoster à l’îlet Pinel. Situé entre Cul-de-Sac et Tintamarre, on s’y rend en kayak ou en paddle pour profiter de deux plages paradisiaques et observer frégates et pailles-en-queue.

Puisque l’on parle de la faune, celle de Saint-Martin est riche. En tout cas, plus que l’urbanisation de l’île laisse présager. Au large, c’est le territoire des baleines à bosse et des dauphins. Visibles de décembre à avril, les premières viennent s’accoupler dans les eaux chaudes de l’île. Les seconds nagent en groupe du côté de l’îlet Tintamarre et du Rocher Créole. Sur le littoral rocheux et en forêt, iguanes et lézards se prélassent. Dans les jardins, sucriers et colibris se gavent de fleurs. Dans les terres et les mangroves, ratons-laveurs et mangoustes vaquent à leurs occupations. Saint-Marin est peuplée !

Mis bout à bout, récifs coralliens, mangroves, herbiers, falaises, étangs et forêt littorale rassemblent une flore d’une incroyable diversité. Le long des sentiers et des plages poussent raisiniers, mapous, gommiers, tamariniers, cocotiers, manguiers, bougainvilliers, hibiscus, cactus, flamboyants, orchidées, gaïacs, palétuviers… Au nord-est, la plupart sont protégés par la Réserve Naturelle Nationale de Saint-Martin. Elle couvre plus de 3 000 ha dans la partie française. 

Si l’on cherche l’absolue tranquillité et des paysages panoramiques, l’intérieur de l’île a du potentiel. Au pied du pic Paradis, la Loterie Farm est un site ludique aménagé dans la forêt tropicale. Dans cette ancienne sucrerie des 18ème et 19ème s., aujourd’hui rendue à la nature, parcours d’accrobranches et tyroliennes attendent les visiteurs. Les sensations fortes se doublent d’observations animales. Singes verts et iguanes doivent bien se demander à quels jeux bizarres s’adonnent ces drôles de bipèdes suspendus dans les arbres… La Lotery Farm dispose aussi d’un espace de baignade de 500 m² dans une eau de source.

Envie de transpirer pour obtenir une récompense ? Direction le paradis ou du moins sa partie visible… le pic Paradis. On peut y accéder depuis la Loterie Farm. Une belle ascension à travers la forêt luxuriante jusqu’au sommet où une vue panoramique splendide s’ouvre sur Saint-Martin et les îles voisines (Anguilla, Saint-Barthélémy…). D’en haut, d’autres itinéraires de « rando » débutent. Ils rejoignent les crêtes du nord-est et la Baie orientale ou les crêtes centrales et le mont des Accords… Une occasion unique au monde de marcher à cheval sur la frontière franco-néerlandaise ! 

Enfin, grande nature et patrimoine font aussi bon ménage. Un exemple, en particulier, le prouve : le fort Saint-Louis. Certes, il ne s’agit pas d’une vraie randonnée. Mais « seulement » de l’ascension d’un escalier de 91 marches à Marigot, capitale française de Saint-Martin. Le fort Saint-Louis a été bâti en 1789 par les habitants pour protéger les entrepôts du port où étaient stockées sucre de canne, café, rhum…

Plusieurs fois laissé à l’abandon et siège de nombreuses batailles entre Français et Anglais, ses ruines offrent une vue à couper le souffle sur la baie de Marigot, le lagon de Simson Bay, les Terres Basses, la baie Nettlé et l’île voisine britannique d’Anguilla. Le coucher du soleil, magnifique, rassure définitivement sur les charmes naturalistes de Saint-Martin.