Une journée plaisir à Saint-Domingue

Avec 3 millions d’habitants pour 11 millions de dominicains, la capitale du pays est incontournable. Elle l’est d’autant plus que son centre colonial, restauré, est inscrit depuis 1990 au patrimoine mondial de l’UNESCO. J’ai donc décidé d’aller découvrir celle qui servit de modèle à toutes les villes du Nouveau Monde… et qui préserve cette sensuelle ambiance latino à donner des frissons à n’importe quel visiteur.

Pas que les plages dorées et les piscines d’hôtels m’indiffèrent. Mais les 9h de voyage en avion depuis la France méritent mieux que de rester cantonné dans un hôtel de Punta Cana ou de La Romana, aussi remarquable soit-il. M’arrachant un matin au confort du Breathless Punta Cana, je décide d’aller visiter Santo Domingo (Saint-Domingue, en français). Rien de plus facile. Votre voyagiste favori propose cette excursion depuis chacun des hôtels qu’il a sélectionné.

Facile, aussi, puisqu’il existe depuis quelques années une autoroute entre Punta Cana et la capitale. 2h30 de trajet pour s’y rendre, cela rend l’excursion aisée à entreprendre en une journée. Dire que les paysages traversés jusqu’à Saint-Domingue sont à tomber serait mentir. L’est de l’île manque de relief – les beaux panoramas sont au centre et au nord, dans la montagne. Une fois sorti de l’immense zone hôtelière de Punta Cana – plus de 50 km d’établissements alignés au bord de plages paradisiaques –, le bus file sur la voie rapide bordée d’un territoire sans aspérité, aride et jaune. Ici, quelques champs de canne à sucre. Là, des prairies d’élevage où paissent des bœufs malingres. Peu importe ce décor quelconque. Laissant à gauche l’autre grande zone hôtelière du pays, La Romana, le bus contourne San-Pedro-de-Macorís pour se présenter dans les faubourgs de Santo Domingo.

L’aventure peut commencer. On l’a lu dans les guides mais c’est important de le rappeler : Saint Domingue a été la première ville coloniale fondée en Amérique par les conquistadors. Après la découverte d’Hispaniola (non originel de l’île) par Christophe Colomb en 1492, la cité est créée six ans plus tard selon un plan en damier. Les codes architecturaux de l’époque sont respectés. Cathédrale, bâtiments administratifs, monastère, forteresse, université, hôpital… : le style "espagnol" s’impose et servira de modèle aux autres villes d’Amérique Centrale et du Sud.

Je comprends vite que Saint-Domingue a été la tête de pont du rayonnement culturel et économique de l’Europe au « Nouveau Monde ». Tant de navigateurs sont repartis d’ici vers d’autres conquêtes, après avoir atteint Hispaniola : de Balboa, Cortès, Ponce de León… En attendant, et parce que le ciel bleu couplé à la fraîcheur du matin m’invitent à le faire, je file sur le bord de mer.

Au sud de l’embouchure de l’Ozama, voilà le « Malecón ». Rien de comparable avec celui de La Havane. Ici, les piétons marchent sur une voie ponctuée de palmiers, le long de l’avenue George Washington où hôtels, casinos et immeubles résidentiels jouent à touche-touche. Le trafic est dense et les bus de transport public crachent leurs rythmes latinos. A Saint-Domingue, je l’apprends, on vit toujours en musique.

Je remonte l’avenue à pied, enchaîne, une fois dépassé le parc-parvis María de Hostos, avec le Paseo Billini, longeant le bord de mer aux rochers bruns cisaillés, précédés de pelouses rases. Pour l’esprit Copacabana, on repassera. Les plages ne sont pas ici mais du côté de Boca Chica, à 40 mn. Le meilleur est à venir. Je double l’embouchure, suis la rive droite de l’Ozama et pénètre en ville par la vieille porte de las Reales Atarazanas. Voilà la zone coloniale.

Fortifiée, protégée du brouhaha automobile, elle me tend d’un coup ses 106 ha d’Histoire, ses 32 rues à angle droit et ses 116 pâtés de maisons. Je suis frappé par l’aspect des pierres apparentes, celles qui ne sont pas couvertes par la belle chaux blanche habituelle. Grêlées, râpeuses, elles sont en pierre de corail, c’est ainsi qu’une partie de la vieille ville a été bâtie. A l’image du Panthéon et des Casas Reales, qui accueille un musée sur l’histoire coloniale.

La rue Las Damas m’attrape par le bras. J’y croise l’archétype des maisons coloniales, des bâtiments blancs d’un à deux étages en pierre, aux hautes fenêtres à balcons fermées par des grillages. Je dépasse la forteresse Ozama et l’ambassade de France, pour m’enfoncer à droite dans ces ruelles anguleuses ou le rénové croise le délaissé – ce qui donne son charme puissant au noyau colonial.

Calles Isabel la Catolica, Padre Billini, Hostos, El Conde, Nouel… ce centre est le seul du Nouveau Monde à avoir conservé ses attributs du 15ème s., mais ce n’est pas un musée. Plutôt un centre ancien vivant. Ca et là, je vois que des investisseurs opportuns restaurent avec goût des maisons. Elles deviennent des boutiques-hôtels, des cafés, des restaurants... Il fait chaud désormais, alors je pousse la porte d’un de ces commerces et suis saisi par le décor, la fraîcheur du patio, la beauté des compositions florales. Et je ne suis pas loin de succomber au plaisir d’un rhum dominicain…

 

Mais il est trop tôt ! Retour à l’extérieur, sur la place d’Espagne. Voici la cathédrale, bijou gothique. Autant que son architecture, c’est l’ambiance autour qui capte l’attention. Au pied de la statue de Colón avec son doigt tendu, des jeunes sont assis sur des bancs. Les garçons portent fièrement leurs cheveux coupés au carré et impeccablement rasés, arme de séduction massive auprès des jeunes dominicaines ! A côté, de vieux hidalgos distingués discutent tranquillement, sourire aux lèvres. Je croise aussi des religieux, de jeunes moines… dominicains (forcément !) dans cette ville qui fut aussi une capitale religieuse.

La rue El Conde est la plus boutiquière. Je m’arrête devant une bijouterie, en quête d’une pierre larimar, ce gemme bleu pâle typique des sous-sols dominicains – on a toujours une femme à émouvoir. Et je m’égare sans m’inquiéter dans d’autres calles au cordeau, José Reyes, Sanchez, Mercedes, Palo Hincado… Je remarque dans ces rues moins léchées des blocs de fils électriques et de téléphone emmêlés, des encadrements de portes en brique lézardés… Il y a encore du travail. Mais si j’erre ainsi, c’est que j’attends la tombée de la nuit.

Car nous sommes dimanche et il y a une chose dont on m’a dit grand bien que je ne veux absolument pas rater : le bal gratuit donné sous les ruines de l’ancien monastère San Francisco, au nord de la zone coloniale. Chaque semaine, le groupe Bonye y balance à plein volume sa musique dominicaine, sucrée, chaloupée. Les habitants sont venus en famille, ils ont apporté leur glacière. Merengue, bachata, salsa, boléro… jeunes et anciens s’enlacent, ondulent, se touchent avec sensualité. Si mon hôtel ne m’attendait pas sur une plage de rêve, je resterai bien là jusqu’au bout de la nuit…

 

Dernière mise à jour : 08/10/2020

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