Un archipel en ébullition

→ Les tropiques ont le don de la fête. En janvier, février et mars, les carnavals expriment ce caractère inné avec la plus grande exubérance. Pour les touristes en séjour sur les îles à cette époque, c’est l’occasion unique de s’immerger dans la culture locale.

Carnavals 1/4

L'île se déhanche pour bien commencer l'année

Un carnaval, dans ce département d’outre-mer ? Non, DES carnavals, étalés du 1er janvier au 8 mars ! Durant presque deux mois, la destination se déhanche en musique au rythme des défilés, parades et déboulés, dans une ambiance très identitaire. De l’Epiphanie à la mi-carême, en passant par les jours gras, l’événement culturel éclaire sous un nouveau jour ce territoire ultramarin.

Il y a eu le « Ben démarré » le 1er janvier, la cérémonie d’ouverture du carnaval à Baie-Mahault le 5, le défilé officiel d’inauguration le 7, la parade des Rois à Pointe-à-Pitre le 14… Mais pas d’inquiétude si vous avez raté ces premiers frissons : comme chaque année, la Guadeloupe voit large et propose jusqu’au 8 mars, en particulier lors de la semaine « grasse » de février, cent autres occasions de se divertir.

Traditions et identité au coeur de la fête

Le carnaval guadeloupéen est le grand moment culturel et festif de l’année. Comme le rappelle Ary Chalus, président du Conseil Régional de Guadeloupe à l’occasion de l’édition 2018, « notre carnaval rassemble tous les Guadeloupéens, de toutes générations et toutes les classes sociales. Nous l’offrons généreusement aux visiteurs déboulant dans tout l’archipel. (…) Cette période de folklore où l’on mêle satire, fierté, mémoire et festivités fait rayonner la Guadeloupe dans le bassin caribéen et au-delà ».

Un carnaval-patrimoine dont l’organisation n’est pas prise à la légère puisque sa destinée dépend depuis bientôt dix ans du très sérieux «Office du Carnaval de la Guadeloupe». Accompagnée par la Région, cette structure est chargée de concevoir le programme et de préserver l’identité spécifique de l’événement : un moment magique, rempli de poésie...idéal pour les amateurs de folklore ou les amoureux en voyage de noces.

A vos agendas: les dates à retenir

Alors, que se passe-t-il cette année et comment a démarré l’édition ? Au petit matin du 1er janvier, les rescapés du réveillon ont été « rafraîchis » vers un bain de mer revivifiant. Le 5 janvier, l’opérateur Top Carnaval a enflammé le vélodrome Amédée Detraux de Baie-Mahault avec ses défilés, pour l’ouverture officiel du carnaval.

Impossible de citer tous les rendez-vous déjà organisés ou à venir puisque chaque ville, chaque village veut faire honneur à son rang en proposant, le week-end, une multitude d’animations. Quelques exemples, tout de même : Basse-Terre a eu son défilé fédératif le 14 janvier, à Goyave, et son défilé nocturne le 26 janvier, au Lamentin ; Grande-Terre a vibré à la Soirée en blanc et à la parade des Diables le 20 janvier, aux Abymes, et s’enflammera lors du Défilé des écoles le 1er février, à Sainte-Anne… Concours de danses, de beauté, de costumes… hommes, femmes et enfants sont à l’unisson pour s’enivrer de sons et de couleurs et affirmer leur identité créole, en rompant l’espace de quelques semaines avec les vicissitudes de la vie quotidienne.

La première quinzaine de février est de toute façon celle à ne pas manquer. Le 3, à Rivière des Pères (Basse-Terre), l’élection du Roi et de la Reine du Carnaval mettra ce village côtier en transe. Un moment de grâce pendant lequel les jeunes filles représentant leurs groupes folkloriques rivaliseront de séduction.

Le même jour, Baie-Mahault accueille un Léwòz a Mas (danse et musique) tandis que Le Moule propose l’animation des masques de Vieux-Fort et, le dimanche, son défilé de charrettes à bœufs.

Mais voilà que déboule la semaine cruciale, celle de Mardi-Gras. Un concentré de folie et de fièvre ! Petit-Bourg (Basse-Terre) lance doucement les hostilités le vendredi 9 avec sa Parade de nuit. Le samedi gras (le 10), c’est le traditionnel Mas Maten, aux Abymes. Un défilé en musique au son des tambours à pô avec des carnavaliers aux visages maquillés et aux corps enduits de gwo siwo (au parfum de sucre de canne) ou de roucou. Le 10, c’est aussi le défilé à Saint-François, le déboulé des enfants des groupes à pô à Pointe-à-Pitre, le festival de Steel Band à Trois-Rivières… Le week-end est bien lancé !

Le 11, c’est la Grande Parade du dimanche gras à Pointe-à-Pitre, avec plus de 10 000 participants. Elle récompense la meilleure musique de carnaval et la plus belle prestation carnavalesque. Le lundi 12, Lévé an Pyjama au Moule, défilé des marchandes à Basse-Terre, Mariage burlesque à Pointe-à-Pitre, Parade nocturne à Saint-François et Parade électrique à Basse-Terre. Toujours pas fatigués ? Il ne vaut mieux pas car le 13 c’est Mardi Gras, qui sonne comme le jour d’extase du Carnaval, avec sa Giga Parade, à 13h, à Basse-Terre.

Le mercredi des Cendres (le 14), tristes tropiques, la population est orpheline de Vaval, le roi du Carnaval. Sa mort symbolique est actée ce jour-là. A 16h, toutes les communes de Guadeloupe organisent leur Vidé : des diablotines vêtues de blanc et de noir brûlent Vaval en pensant déjà à l’année prochaine…

Quoique… 22 jours plus tard, le 8 mars précisément, le volcan éruptif de la fête a un dernier sursaut. C’est la mi-Carême et les bourgs de l’archipel organisent un nouveau défilé, mais sans Vaval cette fois. Les habitants s’habillent pour l’occasion en rouge et blanc.

Il va sans dire que le Carnaval est un grand moment de partage. Il permet aux visiteurs en séjours dans les hôtels guadeloupéens de rencontrer la population comme il n’est pas permis autrement. Les dimanches soirs en particulier, les bals se prolongent fort tard et offrent de belles opportunités d’échanges.

Assister aux préparatifs

Ceux qui ont la chance d’être là avant la semaine de Mardi Gras auront peut-être l’opportunité d’observer les derniers préparatifs. A Pointe-à-Pitre mais surtout sur « l’aile gauche du papillon », à Basse-Terre, des petites mains dans des ateliers anonymes s’affairent jour et nuit dès septembre et jusqu’aux ultimes minutes pour préparer les décors somptueux de la parade du Mardi Gras.

Un travail de coulisses où il faut savoir ferrailler, peindre, souder, coudre, travailler le bois… Car comme pour tout carnaval des tropiques qui se respecte, les chars, costumes et autres accessoires sont réalisés de façon entièrement artisanale par les groupes musicaux, à grands coups d’imagination et de sueurs froides – car il faut être prêt à temps !

Ce n’est pas le moindre charme de cette période qui mobilise des armées de bénévoles afin que la fête soit encore plus belle que celle de l’année précédente. Pour le plus grand plaisir des Guadeloupéens et de ceux qui ont le loisir d’assister à ce(s) spectacle(s) remarquable(s).

Dernière mise à jour : 23/10/2023

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